17.08.2010
Les Canadiens sont tous plombés
En este artículo se barajan cifras sobre niveles "posiblemente permisibles" de bisfenol A, plomo y mercurio. Pero todo ello de forma individual. ¿Qué pasa cuando estas sustancias interaccionan entre ellas?
L’enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) a recherché 80 contaminants environnementaux et substances chimiques dans des échantillons de sang et d’urine entre 2007 et 2009. Les forts taux de bisphénol A (BPA), de plomb et de mercure, ont particulièrement retenu l’attention des chercheurs.
« L’exposition au plomb et au bisphénol A est généralisée », analysent les scientifiques. Constat sans appel. Pour autant, ces taux élevés de contamination ne sont pas forcément synonymes de catastrophe sanitaire.
L’institut statistique canadien dénombre 91 % d’individus porteurs de BPA au sein des 6-79 ans sur un panel de 5.476 personnes (analyses urinaires). Utilisé principalement comme composant des plastiques polycarbonates et des résines époxydes, ce produit chimique est présent dans les urines de 9 Canadiens sur 10 à une concentration volumétrique moyenne de 1,16 microgramme par litre (μg/l). La population des 12-19 ans est la plus touchée, tandis que les 40-79 ans présentent des teneurs inférieures de bisphénol. A l’échelle globale, les hommes sont plus affectés que les femmes (1,29 μg/l contre 1,04 μg/l). « Nous ignorons encore les causes de ces différences d’exposition », concède Tracey Bushnik, de la Division de l'analyse de la santé, qui a participé aux recherches. Pour l'instant, les divergences dans le métabolisme et dans le type d'aliments consommés sont les seules hypothèses émises par les scientifiques. Des questions auxquelles les chercheurs pourront peut être répondre dans quelques années : des enquêtes 2010-2011 ont déjà commencé au Canada, afin de surveiller l'évolution des taux d'exposition.
« Des résultats qui sont dans la fourchette internationale », de l’avis des experts de l’Institut français de veille sanitaire (InVS). De précédentes études américaines sont en effet parvenues à des chiffres similaires : 93 % de la population Etatsunienne a été dépistée positive au BPA, et 99 % des jeunes Allemands de 3 à 14 ans.
Côté risques, les scientifiques tâtonnent encore. « Aucune valeur recommandée n’est actuellement établie au Canada pour la concentration urinaire », note l’étude publiée le 16 août. Cependant, les concentrations moyennes urinaires relevées à l’étranger varient entre 1 et 3 μg/l. Les valeurs canadiennes restent donc conformes à celles des populations des pays industrialisés. En France, une étude comparable est en projet mais pas encore lancée, révèle l’InVS. « Aucune étude n’avait été menée dans notre pays auparavant et les derniers chiffres du plomb remontent à 30 ans », précise Tracey Bushnik. Ce qui explique pourquoi les analystes ne savent pas vraiment dire si ces niveaux sont mauvais ou bons.
Quoi qu’il en soit, le bisphénol A est reconnu comme perturbateur endocrinien : sa toxicité pour la fertilité et le développement est l’un des principaux effets de l’exposition à des concentrations élevées. Une équipe de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Toulouse a par ailleurs démontré que son ingestion affecte la perméabilité intestinale, la réponse immunitaire à l’inflammation digestive, et entraîne une douleur viscérale.
En réponse, l’attitude des autorités sanitaires varie. La France ou le Canada interdisent l’utilisation des biberons au polycarbonate, alors que l’Office fédéral de la santé publique suisse estime que « le niveau d’exposition au bisphénol A par l’alimentation ne pose pas de risque pour les consommateurs, y compris pour les nourrissons ».
Autre sujet d'importance, tous les Canadiens sont contaminés au plomb. Les concentrations ont néanmoins « radicalement chuté », passant de 4,79 μg/dl de sang en 1978-1979 à 1,34 entre 2007 et 2009 (5.319 individus sondés). Ce qui est moins qu’en France. Selon l’INRS (Institut National de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), la valeur de référence dans la population générale française se situe entre 8 μg/dl pour les hommes et 6,3 pour les femmes. La plombémie peut accroître le risque de lésions au cerveau et aux reins. Moins de 1 % des Canadiens âgés de 6 à 79 ans révèlent des taux supérieurs à 10 μg/dl de sang, qui est le seuil d’intervention. A priori, pas de quoi paniquer.
Même si ces résultats se situent dans la moyenne de ceux obtenus par d’autres Etats, la toxicité du plomb nécessite une « surveillance continue et des interventions en santé publique », avertit l’étude. Phénomène notable, des caractéristiques sociodémographiques comme l’âge des logements et certains comportements de style de vie (tabac et alcool) sont associés à des concentrations supérieures.
L’ECMS se penche aussi sur le cas du mercure, détecté chez 88 % des Canadiens âgés de 6 à 79 ans. Sont comprises ici les trois formes de mercure (le mercure total) : élémentaire, inorganique et organique. La moyenne géométrique de concentration s’élève à 0,69 μg/l de sang. L’organisme Santé Canada recommande une valeur maximale de 20 μg/l pour la population adulte et 8 μg/l pour les enfants, les femmes enceintes et les femmes en âge de procréer. Certes, les Canadiens sont loin du seuil d’alerte. Ces chiffres prouvent néanmoins l’omniprésence de ce métal lourd dans leur environnement.
Fuente: Le Journal de l'Environnement